lundi 12 mars 2012

En attendant le printemps...

« Numa Pompilius, nous dit la légende romaine, avait pour conseillère la nymphe Egérie. Seul il pénétrait dans les profondeurs des bois, sous l'ombrage mystérieux des chênes; il s'approchait avec confiance de la grotte sacrée, et pour sa vue, l'eau pure de la cascade, à la robe ourlée d'écume, au voile flottant de vapeur irisée, prenait l'aspect d'une femme belle entre toute et souriante d'amour. Il lui parlait comme un égal, lui, le chétif mortel, et la nymphe répondait d'une voix cristalline, à laquelle le murmure du feuillage et tout les bruits de la forêts se mêlaient comme un chœur lointain. C'est ainsi que le législateur apprenait la sagesse. Nul vieillard à la barbe blanchie n'eût su prononcer des paroles semblables à celles qui tombaient des lèvres de la nymphe, immortelle et toujours jeune.

Que nous dit cette légende, sinon que la nature seule, et non pas le tumulte des foules, peut nous initier à la vérité; que pour scruter les mystères de la science il est bon de se retirer dans la solitude et de développer son intelligence par la réflexion ?

Numa Pompilius, Egérie ne sont que des noms symboliques, résumant toute une pèriode de l'hisoire du peuple romain aussi bien que de chaque société naissante : c'est aux nymphes, ou, pour mieux dire, c'est aux sources, aux forêts, aux montagnes, qu'à l'origine de toute civilisation les hommes ont dû leur mœurs aux lois. »

« Telle montagne dont les neiges ou les glaces se montrent en plein ciel au-dessus des nuages, telle grande forêt dans laquelle mugit le vent, tel ruisseau qui coule dans les prairies ont souvent plus fait que des armées pour le salut d'un peuple. C'est là ce qu'ont senti les Basques, ces nobles descendants des Ibères, nos aïeux : afin de rester libres et fiers, ils ont toujours bâti leurs demeures au bord des fontaines, à l'ombre des grands arbres, et plus encore que leur courage, leur amour de la nature à longtemps sauvegardé leur indépendance. »

Par le très sérieux et très docte géographe Élisée Reclus dans son Histoire d'un ruisseau.

Merci de ne pas pirater ce blog, ça attriste mon webmestre. E.L

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